Avez-vous déjà entendu parler des bienfaits de l’ortie ? Cette plante a plutôt mauvaise presse. Qui s’y frotte, s’y pique ? Et pourtant ! Il ne s’agit pas que d’une “mauvaise herbe” qui envahit les jardins et vous pique. Elle fait partie des plantes les plus communes et les plus fréquentes de nos régions. Si elle est envahissante, elle possède surtout de nombreuses vertus dont il serait bien dommage de se passer. Dans ce nouvel article, nous vous proposons de découvrir l’ortie, son origine et ses différentes propriétés sur différentes sphères. Nous terminerons par une recette facile et rapide de pesto d’ortie pour régaler vos papilles !
Description botanique de l’ortie (urtica dioica)
L’ortie, également désignée par les termes ortie dioïque (dioïque signifie “deux maisons”, avec des pieds femelles et des pieds mâles), grande ortie, ortie piquante, ortie feuille, ortie racine, ortie commune et ortie vivace, appartient à la famille des Urticacées. Et si nous faisions connaissance avec cette plante fabuleuse et extrêmement reminéralisante ?
L’ortie, une plante de la famille des Urticacées
L’ortie est une plante annuelle originaire des régions tempérées de l’Eurasie. On la trouve dans les pays tempérés jusqu’à 2500 mètres d’altitude. Elle a une tige rampante, ramifiée, quadrangulaire et robuste qui porte de grandes feuilles opposées, en croix, pointues et dentées. Ses fleurs, de couleur verdâtre, apparaissent entre les mois de juin et septembre. Elles forment de longues grappes, groupées à l’aisselle des feuilles. On la trouve près des habitations, des cultures, dans les talus, les lisières, les friches, les lieux incultes et les fossés. Sa taille varie entre 30 cm et 1,50 m de hauteur.
Savez-vous pourquoi l’ortie pique et brûle ? Car ses tiges et ses feuilles sont recouvertes de poils urticants présentant un massif cellulaire muni d’une pointe siliceuse qui déverse un liquide urticant et allergisant riche en histamine lorsqu’il est au contact de la peau. Vous pouvez tout à fait la cueillir, pensez simplement à vous munir de gants pour vous protéger ! Sachez également qu’une fois les plantes séchées, les poils urticants sont inoffensifs. Faites preuve malgré tout de précaution si vous souhaitez séparer les feuilles des tiges séchées en portant vos gants.
C’est la partie sommitale de l’ortie qui est cueillie, juste avant la floraison, en mai et juin. Amaya vous conseille de la cueillir plutôt par temps chaud et sec, en début d’après-midi pour obtenir une plus grande teneur en principes actifs. Ses feuilles sont principalement utilisées en infusion. Leur saveur herbacée rappelle les légumes verts. Vous pouvez ajouter de la menthe poivrée pour réhausser le goût. Il est possible également de ramasser ses graines à la fin de l’été lorsqu’elles sont à maturité.
Un peu d’histoire …
L’homme et l’ortie “cohabitent” depuis des millénaires. Cette plante le suit partout et pousse sur ses traces. Déjà les Égyptiens l’utilisaient pour envelopper leurs momies car elle permet de fabriquer des tissus très résistants. Dans l’Antiquité, Dioscoride (au Ier siècle) la considérait comme un aphrodisiaque puissant. Par ailleurs, il conseillait des cataplasmes de feuilles écrasées pour soulager les morsures. Il utilisait également son suc contre les saignements de nez. Un siècle plus tard, Galien reconnaît les mêmes propriétés. Au Moyen-Âge, Sainte Hildegarde recommandait ses graines contre les maux d’estomac. L’ortie a permis de guérir des cas avancés de gangrène à une époque où les antibiotiques n’existaient pas.
L’ortie est associée aux sortilèges voués à la guérison, à la protection et à la purification. Par ailleurs, les amérindiens donnaient de l’ortie à boire aux femmes enceintes de manière à fortifier le bébé mais aussi l’utérus et le sang de la maman. Les bienfaits de l’ortie sont répandus à travers le monde et depuis toujours. Voyons-les maintenant plus précisément.
Les propriétés de l’ortie
Les bienfaits de l’ortie sont très nombreux, d’autant qu’elle ne présente aucune contre-indications sous forme d’infusion ! C’est la plante favorite d’Amaya, elle recommande d’en boire une tasse chaque jour.
Le pouvoir reminéralisant et anti-inflammatoire de l’ortie
Les feuilles d’ortie contiennent des flavonoïdes, des vitamines (A, C, B2, B5, B9, K), des acides aminés (comme la valine ou la glutamine). De plus, elles sont très riches en minéraux (calcium, potassium, magnésium, phosphore, fer, soufre, zinc, manganèse, silice). Cette richesse en minéraux, notamment en silice et en zinc la rende très efficace pour le traitement des ongles cassants et fragiles ainsi que des cheveux ternes et fourchus.
L’ortie est extrêmement reminéralisante pour l’ensemble de l’organisme et aide ainsi les personnes atteintes d’arthrose ou de rhumatismes. En effet, elle permet de nourrir les articulations douloureuses, apportant une régénération et une meilleure formation du collagène. L’ortie est ainsi une grande amie de nos os et de nos cartilages.
Si vous êtes particulièrement en proie au stress, cela vous déminéralise et crée à terme de l’inflammation. N’hésitez pas à boire régulièrement une tasse de tisane d’ortie. Pensez également à préparer des soupes d’ortie. Autre manière de consommer l’ortie : réduisez ses feuilles sèches en poudre et parsemez-la sur vos salades et vos différents plats.
L’ortie possède également une action diurétique intéressante et aide les reins à éliminer l’acide urique, qui est très inflammatoire pour les articulations lorsqu’il est présent en excès.
Des vertus toniques
L’ortie est particulièrement reconnue pour ses propriétés toniques et anti-asthéniques. Une étude clinique (1) menée en 1989 auprès de 865 adultes avait révélé que la prise d’ortie dioïque était à l’origine d’une amélioration de 79% des paramètres étudiés parmi lesquels le sommeil, le réveil, l’appétit, l’état psychologique et l’activité physique.
En parallèle d’une bonne hygiène de vie, pensez à consommer chaque jour de la tisane d’ortie, cela vous aidera à recharger vos batteries si vous êtes en période de convalescence ou si vous vous sentez simplement fatigué(e).
Une aide sur le plan digestif
L’ortie contribue à la reconstruction des muqueuses digestives, notamment grâce à la présence de chlorophylle. C’est ainsi particulièrement indiqué en cas de muqueuse enflammée, qui ne pourra pas assimiler les nutriments issus de l’alimentation, même si vous mangez le plus sainement du monde. La chlorophylle peut rééquilibrer le microbiote et protéger le foie des agressions diverses qu’il subit, notamment lorsqu’il est exposé à des substances toxiques. Une étude (2) révèle même qu’elle pourrait agir contre le cancer du foie de manière préventive.
L’ortie, une amie de la femme
L’ortie, grâce à sa richesse en minéraux et en vitamines, accompagne les adolescentes et les femmes ayant des règles abondantes, notamment en cas d’anémie car elle stimule la production de globules rouges. De plus, elle soutient en cas de règles douloureuses, de syndrome prémenstruel ou encore de troubles de la fertilité.
Durant la grossesse et en post-partum, cette plante est également une véritable alliée. Enfin, à la ménopause, ses propriétés anti-inflammatoires (grâce à sa richesse en minéraux) permettent de soulager les troubles en lien avec les articulations.
Des propriétés antiallergiques et anti-histaminiques
L’ortie a décidément une large capacité d’action ! Une étude clinique (3) randomisée en double aveugle contre placebo a notamment montré des améliorations auprès de personnes souffrant de rhinite allergique, après une semaine de traitement. Elle agit contre les récepteurs de l’histamine et limite les réactions pro-inflammatoires en cas de rhume des foins (4).
Hypertrophie bénigne de la prostate
Pour terminer, attardons-nous sur la racine d’ortie qui n’est pas en reste par rapport aux feuilles. En effet, elle est intéressante par ses effets inhibiteurs de l’hypertrophie bénigne de la prostate (7). Une étude menée en 2004 auprès de 246 patients ayant reçu un traitement avec un extrait d’ortie racine pendant 12 mois (8) a mis en avant une réduction des symptômes irritatifs et des complications associées grâce à ses effets anti-inflammatoires et antiprolifératifs.
Autres bienfaits de l’ortie
Il est difficile de réunir dans un seul article l’ensemble des bienfaits de l’ortie tant cette plante est un vrai trésor ! Cependant, nous pouvons citer son action analgésique, antioxydante, antimicrobienne et anti-ulcéreuse (5). De plus, une étude menée in vitro en 2009 confirme l’effet insulinomimétique de l’ortie (6) et son effet hypoglycémiant.
Recette de pesto d’ortie
Ingrédients
Ingrédients pour 1 pot de pesto :
- 80 g de feuilles d'ortie
- 80 g de noix de cajou
- 80 g d'amandes complètes
- 2 gousses d'ail
- Un trait de jus de citron
- 4 cuillères à soupe d’huile d’olive (à ajuster selon la consistance que vous désirez)
- Sel
- Poivre
Instructions
- La veille, faites tremper les noix de cajou et les amandes complètes dans de l’eau. Laissez la nuit, à température ambiante, en couvrant avec un linge ou un couvercle.
- Le lendemain, lavez soigneusement vos feuilles d’ortie. Dans le bol de votre mixeur, déposez les feuilles d’ortie, les gousses d’ail épluchées, les noix de cajou, les amandes, le sel, le poivre et le jus de citron. Mixez et ajoutez l’huile d’olive petit à petit selon la consistance que vous souhaitez obtenir. Pensez à ne pas le faire trop liquide pour pouvoir le tartiner facilement.
Notes
Vous l’avez compris, les bienfaits de l’ortie pour la santé sont très nombreux. Cet article vous a permis de vous familiariser avec cette plante et comprendre ses mécanismes d’action. La prochaine fois que vous vous faites piquer par des orties, pensez aussi à toutes ses propriétés et munissez-vous de vos gants pour la cueillir. Elle vous accompagnera à merveille tout au long de l’année et prendra soin de vous, en infusion mais aussi en cuisine.
- Requena Y. (1989) Traitement des asthénies essentielles et réactionnelles par l’Ortie Rv. Phytothér. Prat. 89 : 14-15
- Egner PA, Wang JB, Zhu YR, Zhang BC, Wu Y, Zhang QN, Qian GS, Kuang SY, Gange SJ, Jacobson LP, Helzlsouer KJ, Bailey GS, Groopman JD, Kensler TW. Chlorophyllin intervention reduces aflatoxin-DNA adducts in individuals at high risk for liver cancer. Proc Natl Acad Sci U S A. 2001 Dec 4;98(25):14601-6.
- Mittman P. Randomized, double-blind study of freeze-dried Urtica dioica in the treatment of allergic rhinitis. Planta Med. 1990 Feb;56(1):44-7. doi: 10.1055/s-2006-960881. PMID: 2192379.
- Roschek B Jr, Fink RC, McMichael M, Alberte RS. Nettle extract (Urtica dioica) affects key receptors and enzymes associated with allergic rhinitis. Phytother Res. 2009 Jul;23(7):920-6. doi: 10.1002/ptr.2763. PMID: 19140159.
- Antioxidant, antimicrobial, antiulcer and analgesic activities of nettle (Urtica dioica L.) http://www.esa.ipb.pt/pdf/RefPlants_20.pdf
- Domola MS, Vu V, Robson-Doucette CA, Sweeney G, Wheeler MB. Insulin mimetics in Urtica dioica: structural and computational analyses of Urtica dioica extracts. Phytother Res. 2010 Jun;24 Suppl 2:S175-82. doi: 10.1002/ptr.3062. Erratum in: Phytother Res. 2010 Jun;24 Suppl 2:S233-4. PMID: 20013820.
- Lichius JJ, Muth C. The inhibiting effects of Urtica dioica root extracts on experimentally induced prostatic hyperplasia in the mouse. Planta Med. 1997 Aug;63(4):307-10. doi: 10.1055/s-2006-957688. PMID: 9270373.
- Schneider T, Rübben H. Brennnesseltrockenextrakt (Bazoton-uno) in der Langzeittherapie des benignen Prostatasyndroms (BPS). Ergebnisse einer randomisierten, doppelblinden, placebokontrollierten Multicenterstudie über 12 Monate [Stinging nettle root extract (Bazoton-uno) in long term treatment of benign prostatic syndrome (BPS). Results of a randomized, double-blind, placebo controlled multicenter study after 12 months]. Urologe A. 2004 Mar;43(3):302-6. German. doi: 10.1007/s00120-004-0532-7. PMID: 15045190.